Le 11 mars 1978, Claude François nous quittait, lui qui avait marqué la scène musicale française à tout jamais. Des plus jeunes aux moins jeunes, tous peuvent fredonner au moins une chanson de l'artiste, qui a ébloui des générations entières de ses chorégraphies explosives et de ses costumes flamboyants. Acharné de travail, inquiet de vieillir, éternel insatisfait ayant besoin d'avoir le contrôle sur tout: le chanteur était hanté par la peur d'être oublié, ce qui l'a amené à être d'une intransigeance parfois tyrannique. Cependant, ce sont justement ces caractéristiques qui l'ont poussé à dépasser son art et à innover. Carrière impressionnante et infos croustillantes, découvrez Claude François, comme vous ne l'avez jamais vu.
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Claude François est né en Égypte, plus précisément à Ismaïlia. Sa mère, Lucia, est Italienne et son père, Aimé, est contrôleur maritime et régule la circulation dans le canal de Suez. Il grandit en Égypte jusqu'à la nationalisation du canal de Suez, ce qui ne laissera pas le choix à la famille de déménager en France. D'ailleurs, ce changement de vie sera un véritable choc au début pour les François.
Arrivés en France, ils s'installent à Monaco, où son père tombe malade. Le jeune Claude se voit donc endosser rapidement le rôle de chef de famille. C'est alors qu'il est employé de comptoir dans une banque, pour aider à subvenir aux besoins de sa famille. Cependant, ce n'est absolument pas ce que le futur artiste veut comme carrière, car oui, Claude François rêve de scène et rien d'autre.
Ayant appris très tôt le violon et le piano, il cherche rapidement des cachets dans les orchestres de beaux hôtels monégasques, un choix vivement critiqué par son père qui refusera, jusque sur son lit de mort, que son fils s'adonne à une carrière d'artiste.
Tout s'enchaîne assez bien pour lui. En 1957 il intègre l'orchestre de de Louis Frozio, qui joue à l'International Sporting Club. On lui refuse cependant de chanter, ce qui l'amènera à pousser les portes de l'Hôtel Provençal de Juan-les-Pins.
En 1959, il rencontre Janet Woollacott avec qui il se mariera plus tard. Deux années après, il part avec elle et le reste de sa famille à Paris, pour véritablement entreprendre la carrière dont il a toujours rêvé.
Alors que la musique française connaît un chamboulement, le début des années 1960 voit naître un nouveau genre de musique: le yéyé. C'est alors qu'il est intégré dans une bande musicale appelée "Les Gamblers". Il sortira ensuite un premier 45 tours "le Nabout twist" (Kôkô), qui fut cependant un échec.
Le démarrage est des plus difficiles, et pour couronner le tout, sa femme, Janet Wollacot le quitte pour Gilbert Bécaud. Il rejoindra à nouveau Les Gamblers durant l'été, se produisant au Papagayo à Saint-Tropez.
En 1962, il sort un titre devenu iconique avec les décennie: "Belle, Belle, Belle", c'est le début d'un beau parcours. Il se produira ensuite à l'Olympia le 18 décembre 1962, en première partie de Dalida. En 1963, il part déjà en tournée d'été, en première partie des Chaussettes Noires, et le public découvre un jeune homme débordant d'énergie.
Suivent ensuite plusieurs hit-parades comme "Marche tout droit", "Des bises de moi pour toi" et "Dis-lui". Ces titres sont des adaptations françaises de célèbres tubes anglophones, monnaie courante dans l'industrie musicale. Il ne s'agira pas des seuls titres adaptés, puisqu'il enregistrera aussi "Si j'avais un marteau", adaptation de "If I had a hammer" de Trini Lopez.
Le succès est au rendez-vous et en 1966, c'est la formation des Claudettes, soit des grandes et belles femmes qui l'accompagneront à tous ses spectacles. Plus rien n'arrête Claude François, qui a un désir ardent d'innover sur la scène française. Son public féminin ne fait que s'élargir et ses admiratrices sont très nombreuses.
Il tombe ensuite amoureux de la jeune France Gall,17 ans à l'époque, avec qui il aura une idylle. Il rompt cependant avec celle-ci, trop jaloux de son succès et de sa carrière encore naissante et prometteuse.
Il se met ensuite avec Isabelle, qui sera la mère de ses deux têtes blondes: Claude Junior (Coco) et Marc.
Nous avons évoqué les histoires d'amour les plus médiatisées du chanteur, mais il est également important de se rappeler que le grand séducteur aimait également les adolescentes, un "choix" qui de nos jours se ferait grandement décrier.
Dans une interview datant des années 1970, et reprise dans un documentaire consacré à l'artiste sur la chaîne belge RTBF, ce dernier déclarait: "Je les aime jusqu'à 17-18 ans, après je commence à me méfier [...] Les filles [de 18-30 ans] commencent à réfléchir. Elles ne sont plus naturelles. Elles se sentent obligées de prendre position. Elles ne sont plus cette espèce de rêve que représente pour moi la fille."
En 1967 il décide de créer son propre label: Disques Flèche. De là, il se transforme en véritable businessman, jusqu'à racheter le magazine pour jeunes "Podium" ou encore "Absolu".
Il sort en 1968, en souvenir de France Gall, son premier titre sous son propre label "Comme d'habitude", qui devient un succès international, jusqu'à être interprété par des artistes outre-Atlantique. La chanson fut en effet reprise sous le nom du fameux "My Way", adapté par Paul Anka et interprété des centaines de fois par, en autre, un certain Frank Sinatra.
Claude François est au sommet de sa carrière et entame de véritables tournées internationales, se produisant au Tchad, en Côte d'Ivoire, au Gabon ou encore en Italie et au Canada.
Les années 1970 sont aussi mythiques pour le chanteur qui sortira des tubes désormais gravés dans les annales comme "Le lundi au soleil", "Le Mal-Aimé", "le Téléphone pleure", "Belinda", "Cette année-là" ou encore "Alexandrie Alexandra".
S'il y a une chose qui est certaine, Claude François a révolutionné la scène française par son dynamisme et fut le premier artiste français à avoir autant étendu son pouvoir sur d'autres secteurs d'activité, faisant de lui un businessman averti. Il a même fondé sa propre agence de mannequins "Girls Models".
Cependant, son perfectionnisme obsessionnel fera de lui une personne avec qui il est difficile de travailler, lui conférant presque un côté diva. Lors de ses spectacles, tout devait être maîtrisé de sa main, de la chorégraphie au brushing, en passant par le son de l'orchestre, qui ne devait Ô grand jamais dépasser d'une note sa voix.
Comme Universal le précise, la journaliste Elisabeth Schemla, qui suit le chanteur lors d'une tournée d'été pour l'Express en 1975, est la témoin d'accès de colère du chanteur, qui tenait à ce que tout soit parfait.
Elle écrit: "[...] il vérifie l'emplacement des micros, règle l'éclairage et les sonos, reprend un musicien, change un tempo, descend dans la salle, peste: 'Le son, p*tain, le son... C'est moi qu'on vient entendre, pas l'orchestre!', remonte sur scène, exécute un pas avec les Claudettes encore vêtues, ne se résout pas à partir. Les premiers spectateurs pénètrent dans l'enceinte, qu'il est encore là, homme-orchestre, dévoré par l'angoisse de l'échec et la volonté de réussite."
En 1970, lors d'un spectacle à Marseille, il s'effondre sur la scène. Tout portait à croire à un malaise, alors qu'il était en réalité en pleine forme. En fait, il s'agissait d'un coup de communication pour faire parler de lui, par peur de devenir "insignifiant" aux yeux du public. Cet incident fomenté par l'artiste a eu l'effet escompté, puisque la presse s'est emparée de l'histoire, qui a fait les gros titres. On peut dire qu'il a fait un buzz, avant le buzz!
D'ailleurs, petite anecdote cocasse: le chanteur était tellement en forme, que sur le chemin l'amenant à l'hôpital, il eut un rapport avec l'infirmière dans l'ambulance...
La même année, il fut cette fois-ci victime d'un véritable incident. Sa Lincoln Continental fait une sortie de route incontrôlée, à cause d'un pneu crevé à 180 km/h, avant de percuter le talus. Claude François traverse le pare-brise et est emmené d'urgence à l'hôpital. Il s'en sort avec les pommettes éclatées et le nez cassé.
Il avait une obsession de l'apparence telle, qu'il ne s'acceptait pas vieillir. Il était également insatisfait de son nez, qu'il fit d'ailleurs refaire à plusieurs reprises. Seulement, lors d'une répétition tumultueuse, il se querelle avec un des musiciens, qui lui donne un coup au visage, alors que cela faisait à peine quelques jours que Claude François était passé sous le bistouri. Il a donc dû se faire opérer à nouveau.
Son obsession de l'image a été mise à rude épreuve quand, juste après cet incident, il a été obligé de faire une séance photo avec Eddy Mitchell (séance qu'il avait d'ailleurs reportée plusieurs fois afin d'être au point après sa rhinoplastie). Durant le shooting, le photographe demande aux deux stars de poser sur un escalier, pour qu'il puisse les prendre en photo depuis une camionnette, plus loin. Coup de théâtre, la fameuse camionnette s'en va et le photographe avec !
En colère et abasourdi, Claude François marche sans faire attention, se prend une porte vitrée en plein visage et se fracture, encore une fois, le nez dans lequel il avait pourtant tant investi !
En 1975, il échappe à un attentat à Londres. L'IRA (Armée révolutionnaire irlandaise) avait posé une bombe dans le hall du Hilton, où il résidait, qui a propulsé le chanteur par terre. Il dira à propos de cette tragédie: "J'ai cru que j'étais mort [...] J'avais le corps criblé de poudre et le visage recouvert de chair et de sang, mais ce n'était pas le mien... J'étais totalement sourd." Il s'en sortira avec un tympan percé.
Il a également échappé à une tuerie en 1977. Dans la nuit du 25 au 26 juin, alors qu'il se dirigeait vers sa résidence dans Dannemoisa, il se fait poursuivre par des malfrats qui tirent à plusieurs reprises sur sa Mercedes. Cette nuit-là, Claude François a failli mourir d'une balle dans la tête et la police a relevé 11 points d'impact de 9 mm sur son véhicule !
Comme le précisait Fabien Lecœuvre (biographe du chanteur et co-auteur de "Cloclo") dans une émission à Europe 1, Claude François n'était pas censé se trouver à Paris le jour de sa mort, le 11 mars 1978, mais en Suisse.
En effet, il était en Suisse quelques jours avant son accident mortel, mais a insisté avec véhémence auprès de la tour de contrôle à Genève pour que son avion ait l'autorisation de décoller, alors qu'il était 22h passées (il était interdit de voler après 22h encore en 1978). C'est donc ainsi qu'il se retrouve à Paris, dans la salle de bain de son domicile, le 11 mars 1978 et s'électrocute.
En 2012, un biopic brillant sort dans les salles, "Cloclo". Le rôle de l'artiste est interprété par le Belge Jérémie Renier, qui s'est préparé pendant des mois pour ce projet.
Si l'angoisse de l'artiste était de vieillir et de devenir insignifiant aux yeux du public, son âme peut définitivement reposer en paix car la moitié des 67,5 millions de disques vendus entre 1962 et 2012, a été achetée après sa mort, comme on peut le lire dans les lignes de RFI.
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PEOPLE Chanson française
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