Le bilan humain à Gaza glace le sang. Plus de 62 000 Palestiniens ont été tués, et des dizaines de milliers d’autres seraient encore coincés sous les décombres ou dans des zones totalement inaccessibles aux secours. Selon les autorités locales, seules trois victimes sur quatre auraient pu être identifiées — les autres restent portées disparues dans un paysage de ruines.
Les blessés se comptent par centaines de milliers. Beaucoup sont morts faute de soins, à cause d’un blocus qui empêche toute aide d’entrer, y compris les fournitures médicales essentielles. Les amputations se multiplient, souvent pratiquées sans anesthésie ni matériel de base. Pendant ce temps, les ONG supplient Israël de laisser passer des convois d’urgence. La famine, elle aussi, a fait des ravages, frappant d’abord les plus vulnérables, abandonnés sans nourriture ni médicaments pendant des semaines.
L’ampleur des destructions dépasse tout ce que le monde a connu dans les conflits modernes, affirment de nombreux experts. Alors pourquoi la guerre semble-t-elle encore loin de se terminer ? Découvrez les éléments de réponse dans cette galerie.
Après quinze mois d’une guerre dévastatrice à Gaza, un accord de cessez-le-feu a été conclu entre Israël et le Hamas, l’autorité dirigeante de la bande de Gaza. L’accord est entré en vigueur le 19 janvier.
À ce moment-là, plus de 60 000 Palestiniens avaient été tués, plus de 110 000 blessés, et le nombre de disparus présumés morts dépassait les 15 000.
En Cisjordanie, une vaste campagne de raids israéliens menée en parallèle, perçue comme une punition collective, a fait près de 1 000 morts palestiniens et plus de 7 000 blessés sur la même période. En Israël, l’attaque du Hamas en octobre 2023 a coûté la vie à 1 139 personnes.
Les destructions à Gaza sont colossales. En janvier 2025, presque tous les logements avaient été détruits ou endommagés. Aucun hôpital n’a été épargné : la moitié seulement fonctionnait encore, et de façon très partielle. Plus de 80 % des commerces, près de 90 % des écoles et environ 70 % des routes ont été entièrement anéantis.
À Gaza, la majorité des 2,3 millions d’habitants — dont près de la moitié sont des enfants — a été déplacée. La plupart vivent désormais dans des tentes, des écoles, des cours d’hôpitaux ou sur des terrains publics.
Depuis l’élection démocratique du Hamas en 2007, Israël exerce un contrôle total sur Gaza. La région est assiégée depuis lors : les entrées et sorties par voie terrestre, aérienne ou maritime sont soumises à de sévères restrictions.
Depuis l’attaque du Hamas en octobre 2023, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou mène une offensive que la Cour pénale internationale qualifie de génocide. Il a déclaré vouloir faire de Gaza une "terre désertée".
La bande de Gaza est divisée en cinq gouvernorats : Gaza-Ville, Khan Younès, Rafah, Deir el-Balah et le nord de Gaza. C’est dans cette dernière zone que se trouve le camp de réfugiés de Jabalia, le plus grand de la région, qui a été la cible de violences particulièrement intenses lors des frappes aériennes.
La ville de Gaza, la plus vaste et la plus peuplée des zones de la bande de Gaza, regroupait près de la moitié des habitants. Elle accueillait l’hôpital al-Shifa, le plus grand du territoire, réduit en ruines par les frappes israéliennes.
Khan Younès abritait un quart de la population de la bande de Gaza, ainsi que le deuxième plus grand camp de réfugiés du territoire, où vivaient 90 000 personnes. Plus au sud, Rafah, dernier district avant la frontière égyptienne, a vu sa population exploser : c’est là que des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés au fil des offensives.
Plus de 30 % du territoire de Gaza a été désigné comme "zone tampon" par les autorités israéliennes. Cette expansion stratégique de l’offensive contraint les Palestiniens déplacés à se regrouper toujours plus nombreux dans les zones déjà surpeuplées.
Les autorités israéliennes remettent régulièrement en cause les bilans des morts et des blessés publiés par le ministère de la Santé de Gaza, bien que ces données soient confirmées et reprises par l’ONU et de nombreuses organisations internationales.
Dans le chaos total qui règne à Gaza, compter les morts et les blessés devient une tâche presque irréalisable. Les frappes aériennes ciblant même les populations déplacées rendent tout suivi continu extrêmement difficile. Et sans hôpitaux encore opérationnels, la situation ne fait qu’empirer.
Bien que les hôpitaux soient protégés par le droit international, Israël a visé à plusieurs reprises des établissements médicaux, accusant le Hamas d’y dissimuler des combattants. Aucune preuve tangible n’a jamais été apportée, et ces accusations ont été rejetées à maintes reprises par des organisations internationales.
Au-delà des victimes des frappes aériennes, de nombreux Palestiniens meurent de causes dites "naturelles" aggravées par la guerre : absence de soins vitaux, malnutrition, famine, hypothermie. Ces morts silencieuses, pourtant bien réelles, ne sont pas comptabilisées dans les bilans officiels du conflit.
Alors, où en est-on aujourd’hui ? Le cessez-le-feu initial, entré en vigueur en janvier, a été rompu par Israël le 18 mars. Le Qatar, acteur central dans les négociations, a accusé Israël de ne pas avoir respecté les termes de l’accord bilatéral.
Malgré la désignation de zones sécurisées à Gaza, ces secteurs surpeuplés ont été visés à plusieurs reprises par des frappes aériennes. C’est notamment le cas d’Al-Mawasi, où des milliers de Palestiniens avaient cherché un refuge temporaire.
Face aux attaques répétées d’Israël contre les travailleurs humanitaires, l’ONU a été contrainte de retirer son personnel étranger, faute de pouvoir assurer sa sécurité. L’organisation qualifie la situation à Gaza de "crise humanitaire la plus grave au monde".
Israël a bloqué à plusieurs reprises l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza tout au long du conflit. Le Hamas accuse l’État hébreu de chercher à affamer la population. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a d’ailleurs réaffirmé publiquement cette stratégie de blocage — un aveu de crime de guerre, selon le Comité international de la Croix-Rouge.
Les négociations visant à mettre fin définitivement à la guerre ont été interrompues à plusieurs reprises par les autorités israéliennes. De son côté, le Hamas maintient sa position : tout accord de cessez-le-feu doit inclure la fin totale de la guerre. Israël affirme que le groupe rejette systématiquement les accords qui exigent son désarmement.
En avril 2025, le Qatar et l’Égypte, acteurs clés du processus de médiation, ont proposé un nouvel accord de cessez-le-feu. Ce texte inclut une trêve qui pourrait durer entre cinq et sept ans.
Les termes de l’accord prévoient la libération de tous les otages israéliens encore détenus, en échange de prisonniers palestiniens incarcérés en Israël — au moins un Palestinien sur quatre a été arrêté à un moment donné par les autorités israéliennes. L’accord inclut également la fin des hostilités et le retrait total d’Israël de la bande de Gaza.
Pendant ce temps, les frappes aériennes israéliennes se poursuivent intensément sur l’ensemble de Gaza, faisant grimper le nombre de morts tout au long du mois d’avril. Un bilan alourdi par le soutien inconditionnel des États-Unis à l’effort de guerre israélien.
Les frappes israéliennes ne visent pas seulement les populations, mais aussi ce qu’il reste d’infrastructures et de matériel essentiel, comme les bulldozers ou les engins de chantier. Le Hamas dénonce une stratégie délibérée pour empêcher les secours d’agir et bloquer toute tentative de reconstruction.
Israël ne montre aucun signe de recul. Les chars poursuivent l’extension de la zone tampon, les drones survolent Gaza sans interruption jour et nuit, et les frappes aériennes se poursuivent sans relâche.
En avril 2025, Benyamin Netanyahou a réaffirmé sa ligne dure : la guerre ne prendra fin que lorsque le Hamas aura été entièrement détruit et que tous les otages auront été libérés. De son côté, le Hamas maintient que les derniers otages ne seront relâchés qu’à condition qu’Israël s’engage à mettre un terme définitif au conflit.
Le problème avec la position de Benyamin Netanyahou, c’est que son gouvernement considère largement l’ensemble de la population de Gaza comme liée au Hamas, y compris les enfants. Une vision qui se reflète dans la conduite des frappes aériennes, dont les victimes sont en majorité des civils, et en particulier des enfants.
Le Hamas s’est déjà dit prêt à céder la gouvernance de Gaza à toute autorité palestinienne désignée dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu. Mais là encore, Benyamin Netanyahou s’y oppose, car il souhaite garder un contrôle total sur Gaza à l’avenir.
À cela s’ajoutent les déclarations du président américain Donald Trump, qui affiche son ambition de prendre le contrôle de Gaza pour en faire une "Riviera du Moyen-Orient"… sans Palestiniens. Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile d’imaginer quel avenir reste aux habitants de Gaza — et quand la guerre prendra fin.
Sources: (Al Jazeera) (BBC) (France 24) (CNN) (PBS) (AP News) (NPR)
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