L'Équateur est au cœur de l'actualité après une série d'assassinats commis par des gangs, de prises d'otages en direct à la télévision et de violences commises par des narco-terroristes. Depuis 2016, le taux de meurtre dans le pays a bondi de 500 %. Et sur ce nombre, environ 80 % sont attribués à la violence de gangs. Mais qu'est-il arrivé à l'Équateur, autrefois si paisible ? De nombreux événements survenus ces dernières années ont profondément bouleversé l'équilibre de ce pays situé entre la Colombie et le Pérou.
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En 2018, l'Équateur affichait l'un des taux d'homicide les plus bas d'Amérique du Sud. Depuis, le taux de criminalité a explosé, chamboulant la vie des Équatoriens.
Autrefois, l'Équateur était considéré comme un "havre de paix" entre la Colombie et le Pérou, mais cette époque est révolue. Désormais, le pays est en proie à une violence inouïe.
Entre 2007 et 2017, le président de gauche Rafael Correa a fait baisser le taux d'homicide à un niveau historiquement bas. Les dépenses sociales ont doublé, le PIB a augmenté et des réformes institutionnelles ont été menées.
Cependant, au nom de la souveraineté nationale, Rafael Correa a fermé une base militaire américaine à Manta et a interrompu toute coopération avec la Drug Enforcement Administration, laissant un million de kilomètres carrés de côtes sans surveillance. Par conséquent, de nombreux navires servant au trafic de drogue ont commencé à affluer dans la région depuis les eaux péruviennes et colombiennes, mieux surveillées.
De 2017 à 2021, Lenín Moreno, le successeur immédiat de Rafael Correa, a fait de la sécurité une priorité de second plan. En 2019, il a fait appel au Fonds monétaire international pour obtenir des financements, après une décennie sans assistance économique.
Le ministère de la justice implanté sous le mandat de Rafael Correa a été supprimé et remplacé par une agence. Peu après, les grandes prisons du pays, qui accueillent des dizaines de milliers de détenus, sont devenues incontrôlables. Associé à une crise économique et à des mesures d'austérité, le crime organisé a alors commencé à prospérer dans le pays.
Alors que l'Équateur est en proie à la violence des gangs, certains accusent des membres du gouvernement d'être liés à la mafia albanaise. L'armée et la marine du pays ont également fait l'objet de soupçons de complicité avec des groupes criminels.
Les inégalités ont commencé à se creuser dans le pays. Les mesures d'austérité du FMI ont entraîné le licenciement de milliers de travailleurs du secteur public, y compris dans le secteur de la santé, ce qui a considérablement affaibli le pays face à la pandémie de la COVID-19.
En 2020, l'Équateur est devenu l'un des foyers principaux de la pandémie, affichant l'un des taux de mortalité par habitant les plus élevés au monde.
L'homme d'affaires conservateur Guillermo Lasso a remporté les élections présidentielles de 2021. Ses politiques ont permis d'endiguer la pandémie et d'aider la population.
Mais dans le même temps, il a fait machine arrière sur les réformes économiques structurelles implantées entre 2007 et 2017.
Entre temps, la violence a continué d'augmenter, y compris dans les prisons. En 2022, des manifestations contre les mesures d'austérité ont éclaté et ont affaibli le maintien de l'ordre public et la légitimité du gouvernement au pouvoir.
En mai 2023, Guillermo Lasso a décidé de dissoudre le Parlement. Ce dernier a pu gouverner par décret et faire adopter un certain nombre d'initiatives en faveur du renforcement de la privatisation. Des élections ont alors été organisées en août 2023.
En 2023, le journaliste, syndicat et homme politique Fernando Villavicencio a annoncé sa candidature aux élections présidentielles équatoriennes.
Fernando Villavicencio avait qualifié l'Équateur de "narco-État". En août 2023, il a été assassinée en pleine journée après un rassemblement dans le cadre de sa campagne présidentielle, à Quito.
Fernando Villavicencio, candidat anti-corruption, avait accusé les gangs Los Choneros et Macías de menaces quelques jours avant son assassinat.
C'est donc Daniel Noboa, un homme politique de centre-droite de 35 ans, qui a remporté l'élection présidentielle en Équateur, en octobre 2023. Il a promis de lutter contre la violence liée aux gangs.
En janvier 2024, Adolfo Macías alias Fito, un chef de cartel extrêmement dangereux, s'est échappé de prison. Le chef du cartel de drogue Los Choneros était emprisonné pour trafic de drogue, meurtre et crime organisé.
Une rumeur selon laquelle le nouveau président, partisan d'une politique intransigeante face aux gangs, allait transférer les principaux membres de gangs dans une prison plus sûre (La Roca) s'était répandue. En réponse à ce possible transfert, les membres des gangs ont vraisemblablement été invités à riposter. Ils se sont exécutés et ont pris en otage des gardiens et des membres du personnel pénitentiaire.
Le 9 janvier 2024, des hommes armés et cagoulés ont pris d'assaut les locaux de TC Televisión, une chaîne télé de Guayaquil, à 14 heures heure locale. Ils ont tenté de prendre les employés de la chaîne en otage.
En plein milieu d'une émission diffusée en direct, les employés de la chaîne de télévision ont été immobilisés et contraints de s'allonger au sol, tandis qu'un des assaillants proclamait : "Ne jouez pas avec la mafia".
Après de longues minutes de négociation avec la police, les otages ont été relâchés sains et saufs, 45 minutes après l'attaque et les 13 assaillants ont posé leurs armes. La chaîne avait immédiatement interrompu son émission retransmise en direct.
L'état d'urgence déclaré seulement deux jours avant s'est transformé en "état de conflit armé interne". Des forces armées ont été déployées pour surveiller les organes de presse du pays.
Le même jour, des explosions, des fusillades, des attaques à la voiture piégée et des incendies criminels ont été perpétrés par des membres de gangs à travers le pays.
Plus de 22 000 soldats ont été déployés dans les villes pour "neutraliser" les menaces liées aux gangs. Daniel Noboa a qualifié les cartels de la drogue de groupes terroristes.
Il a posté une liste de noms de membres de gangs sur son compte X (anciennement Twitter) et le 10 janvier 2024, plus de 300 personnes avaient été arrêtées pour terrorisme.
Les jours suivants, les rues de Guayaquil sont devenues anormalement vides. En effet, de nombreux commerçants ont choisi d'abandonner leur commerce pour éviter d'être pillés, ou pire encore.
Certains groupes de défense des droits de l'homme ont critiqué l'approche du président Noboa, craignant qu'elle ne conduise à une aggravation de la situation et non à une atténuation de la violence. Quoi qu'il en soit, il semble que le pays soit arrivé à un point de non-retour en ce qui concerne la violence des gangs.
La crise que traverse l'Équateur se nourrit de l'appétit de l'Europe pour la drogue, dont la demande est si forte qu'il est peu probable que les problèmes qui gangrènent l'Équateur s'arrêtent de sitôt.
Sources: (Centre for Economic Policy Research) (The Guardian) (The Economist) (BBC) (Forbes) (NBC News) (The New York Times)
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