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Face à la nécessité de remplacer le pétrole et le gaz, le nucléaire apparaît comme une alternative prometteuse. Mais cette énergie reste l’une des plus controversées, notamment en raison d’un problème encore irrésolu : la gestion des déchets radioactifs qu’elle génère.
En Finlande, une initiative inédite pourrait bien changer la donne. Dans le sud-ouest du pays, Onkalo, un site de stockage souterrain conçu pour accueillir les déchets nucléaires, est sur le point d’entrer en service. Approuvé par le gouvernement finlandais dès 2000, ce projet suscite autant d’espoir que de scepticisme.
Que penser de cette solution ? Plongez dans les coulisses de ce chantier hors du commun.
L’énergie nucléaire offre une alternative bas carbone aux combustibles fossiles et est souvent considérée comme un atout majeur dans la lutte contre le changement climatique.
De nombreux pays investissent dans l’énergie nucléaire, soit en construisant de nouveaux réacteurs, soit en modernisant leurs infrastructures existantes pour accroître leur capacité.
Cependant, l’énergie nucléaire suscite de vives controverses en raison de son coût élevé, de la durée de construction des réacteurs et de préoccupations liées à la sécurité.
Une autre question cruciale concerne la gestion des quantités considérables de combustible usé et de déchets radioactifs générés par la production d’énergie nucléaire.
En 2016, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) estimait qu'environ 260 000 tonnes de combustible nucléaire usé étaient stockées de manière provisoire à travers le monde.
Ces déchets hautement radioactifs représentent un danger mortel à proximité, ce qui impose aux experts de trouver une solution durable pour leur gestion à long terme.
Une approche consiste à enfouir ces déchets en profondeur et à les y laisser pour des durées si longues qu’elles échappent à toute échelle humaine.
C'est l'approche adoptée par la Finlande, où la construction du tout premier site au monde de stockage géologique en profondeur touche à sa fin.
Le site de stockage de combustible nucléaire usé d’Onkalo, plus communément appelé "Onkalo", est situé sur la côte ouest de la Finlande, dans la municipalité d’Eurajoki.
La construction d’Onkalo a coûté environ 1 milliard d’euros et son entrée en service est prévue pour 2026.
Le site d’Onkalo a été sélectionné en partie en raison de sa proximité avec la centrale nucléaire d’Olkiluoto.
À Olkiluoto, trois réacteurs nucléaires se dressent côte à côte en bord de mer. Ensemble, ils fournissent 33 % de l’électricité de la Finlande.
D'après les concepteurs d’Onkalo, implanter le site de stockage à proximité des réacteurs était une décision logique, les habitants étant déjà habitués à la présence de l’énergie nucléaire dans leur région.
Un autre atout d’Onkalo pour ce projet réside dans la stabilité de sa composition géologique.
En effet, le sous-sol d’Onkalo est composé de migmatite-gneiss, un assemblage de deux types de roches. Âgée de près de deux milliards d’années, cette formation rocheuse est d’une extrême solidité.
Cette solidité est essentielle, car la roche constitue l’une des trois barrières de sécurité prévues dans le concept de stockage.
La roche doit également être suffisamment stable pour permettre le creusement de tunnels et de cavités d’enfouissement en profondeur sous la surface terrestre.
Le concept de stockage utilisé à Onkalo repose sur la méthode KBS-3, un procédé d’enfouissement des déchets nucléaires.
La méthode KBS-3 a été mise au point par la société suédoise de gestion des déchets nucléaires, en collaboration avec l’entreprise finlandaise Posiva.
En résumé, ce concept repose sur l’installation de trois barrières de protection autour des déchets nucléaires. La première étape consiste à enfermer ces déchets dans des conteneurs en cuivre.
Les conteneurs sont ensuite enveloppés de bentonite, une argile aux propriétés absorbantes, avant d’être enfouis dans des tunnels creusés en profondeur dans la roche mère.
Le projet prévoit qu’Onkalo accueille les barres de combustible nucléaire usé directement dans son système de stockage, sans passer par un retraitement préalable.
La question du retraitement des barres de combustible a été débattue, mais les concepteurs ont finalement écarté cette option, en grande partie en raison de sa complexité technique et de son coût élevé.
Le gouvernement finlandais a approuvé les plans d’Onkalo dès décembre 2000, mais cette solution novatrice a mis du temps à voir le jour.
Cependant, le projet n’a pas échappé à la controverse. L’une des principales inquiétudes concerne la résistance à la corrosion des conteneurs en cuivre.
Selon des chercheurs de l’École royale polytechnique de Suède (KTH), les conteneurs en cuivre pur utilisés dans le concept de stockage KBS-3 pourraient se corroder, même en l’absence d’oxygène dans les profondeurs souterraines.
Selon certains experts, cette corrosion pourrait entraîner l’apparition de fissures et compromettre l’intégrité de certains conteneurs d’Onkalo en moins d’un siècle.
Posiva, l’entreprise en charge de la construction d’Onkalo, a contesté ces affirmations et présenté ses propres données pour les réfuter.
Pendant longtemps, ces preuves contradictoires ont suffi à convaincre le gouvernement suédois de retarder ses propres projets de stockage géologique.
Cependant, en janvier 2022, le gouvernement suédois a finalement donné son feu vert pour la construction d’un site de stockage à Forsmark, à environ 130 km (81 miles) au nord de Stockholm.
Sources: (BBC) (CNBC) (Posiva)
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