Difficile de croire qu'il y a une décennie "swiper à droite" était un phénomène qui faisait tout juste son apparition. Les choses ont bien changé depuis ! D'après le centre de recherche Pew Research Center, près de 10 % des personnes interrogées hétérosexuelles ont rencontré l'amour — durable et de long terme — sur une application ou un site de rencontre. Il est intéressant de noter que les recherches ont montré que les utilisateurs des applications de rencontre étaient divisés quant à leur expérience sur ces applis. Mais qu'est-ce que la "gamification", ou la ludification de la recherche de l'amour, et comment cela impacte notre cerveau ? Les humains sont faits pour trouver une moitié avec qui partager leur vie et tomber amoureux provoque dans notre cerveau l'équivalent d'une prise de dr0gue. Se pourrait-il que les entreprises tirent parti de notre addiction à notre propre dopamine ?
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Les humains aiment regarder les personnes qu'ils trouvent attirantes. Lorsque l'on ouvre une application de rencontre, une grande variété de photos de potentiels futurs amoureux s'offrent à nous.
Une étude réalisée par le F.C. Donders Center for Cognitive Neuroimaging (Centre F.C. Donders pour la neuro-imagerie cognitive) aux Pays-Bas a mis en évidence que l'activité dans une région impliquée dans le système de récompense du cerveau est plus active lorsque les gens voient un beau visage.
Cette région du cerveau, connue sous le nom de noyau accumbens, agit comme l'interface neuronale entre la motivation et l'action. Le noyau accumbens joue un rôle majeur pour l'alimentation, la sexualité, la réaction au stress et la dépendance.
Des récompenses inattendues génèrent encore plus d'activité dans les zones de notre cerveau reliées à nos sensations de récompenses que lorsque l'on en attend une. Le facteur "imprévisible" rend les utilisateurs avides d'en voir plus et les tient en haleine.
Pensez à cet effet lorsqu'une appli telle que Tinder est ouverte : à la manière d'une machine à sous dans un casino, vous ne savez jamais quand vous tirerez le gros lot.
Lorsque les utilisateurs swipent à droite sur une application de rencontre, ils ne savent pas s'ils vont eux-mêmes plaire à l'autre personne. Et même si une conversation est entamée, ils ne savent pas si (ou quand) la personne en face va répondre.
Même lorsqu'ils n'ont pas l'appli ouverte, les autres utilisateurs peuvent swiper leur profil, donc, si l'application est réouverte après un long moment d'inactivité, de nouveaux matchs les attendent possiblement.
Une autre partie du cerveau, appelée le cortex préfrontal dorsolatéral (DLPFC), semble être la zone qui s'active lorsque nous devons peser le pour et le contre des options possibles.
Pour faire un choix, l'amygdale est le striatum ventral sont activés. Le cortex préfrontal ventromédian (VMPFC) développe les valeurs subjectives, tandis que le DLPFC les confronte entre elles.
Les facteurs incluant l'évaluation des récompenses à venir, les biais cognitifs et une satisfaction décroissante à mesure que la consommation augmente altèrent le poids de chacune de ces préférences.
Selon les objectifs que nous avons, notre DLPFC accordera plus d'importance à certaines décisions. En d'autres mots, le contrôle de soi n'est pas nécessairement aussi simple qu'impulsion versus réflexion.
Si quelqu'un a pour objectif principal de trouver un partenaire romantique, le DLPFC l'incitera à regarder régulièrement son application de rencontre.
Un autre gros problème avec les applications de rencontre est le nombre incommensurable de possibilités. Certains psychologues affirment qu'avoir trop de choix rend en réalité la prise de décision plus compliquée.
Par exemple, une étude de l'université de Columbia a montré que les gens étaient plus susceptibles d'acheter un pot de confiture s'il y en avait six en face d'eux plutôt que 30.
Sur les personnes qui avaient acheté un pot de confiture, celles qui étaient confrontées à moins de choix ont éprouvé plus de satisfaction que celles confrontées à un large éventail de possibilités.
D'après certaines études, il a été suggéré que plus on passe de temps sur une application de rencontre, plus le cerveau s'adapte à cette dernière.
Les cheminements cérébraux de récompense et d'apprentissage sont liés à la dopamine présente dans le cerveau. La dopamine libère une sensation agréable en guise en réponse à une récompense.
Cependant, au fil du temps, la dopamine est plus libérée en anticipation de la récompense, que de la récompense elle-même.
En d'autres termes, le signal qui anticipe la récompense déclenche plus de dopamine. Savoir ce qui va arriver déclenche plus de plaisir que la récompense en soi.
Les apps de rencontres peuvent altérer les processus récompense/apprentissage d'un utilisateur. Au début, la libération de dopamine se produira plutôt lorsque l'utilisateur a vu la personne qui a matcher avec elle.
Mais, au fil du temps, il devient probable que l'utilisateur aura un rush de dopamine simplement en recevant la notification d'un nouveau match. Le cerveau s'est adapté de sorte qu'il associe cette notification au fait d'apprendre qu'il y a un match.
Est-ce que ce phénomène signifie que les applications de rencontre sont addictives ? Elles sont dirigées par des entreprises dont le but est de faire de l'argent. Le plus de temps vous passez sur l'application, le plus elles s'enrichissent.
La dopamine est impliquée dans un grand nombre de dépendances, mais nous avons encore beaucoup à apprendre concernant le fonctionnement de ces applis et leurs conséquences sur les utilisateurs.
Le jour de la Saint-Valentin de 2024, un groupe de six personnes a porté plainte contre Match Groupe (groupe possédant les filiales Tinder, Hinge et d'autres applis et sites de rencontre populaires). Le motif de cette plainte était qu'elles sont "addictives au même titre qu'un jeu vidéo", les fonctionnalités mises à disposition faisant que "les utilisateurs sont bloqués dans une spirale qui fait qu'il faut payer pour jouer".
Match Group a réfuté ces allégations, avançant qu'ils s'efforcent de faire en sorte que "les gens aient des rendez-vous tous les jours et hors-appli", d'après la déclaration du porte-parole du groupe.
Molly Crockett, une neuroscientifique de l'université de Yale, a écrit un article au sujet des apps de rencontre en réponse à des scandales récents. Elle y note que ces applications mettent à disposition une plateforme qui met en avant des comportements humains préexistants, plutôt que de les modifier.
De même, les créateurs des applications de rencontre déclarent qu'ils rendent la vie des personnes plus simple sans modifier ou prendre le contrôle sur leurs processus neurobiologiques.
Toutefois, si cela était vraiment le cas, la plupart des modèles de gestion de ces applis ne gagneraient pas d'argent, puisqu'elles ne peuvent continuer à exister que tant que les utilisateurs continuent de swiper.
Pour beaucoup de gens, les applications de rencontre sont pratiques et sont un moyen de chasser l'ennui, ne serait-ce que temporairement. Au pire, elles n'offrent qu'une gratification momentanée et, au mieux, elles offrent la possibilité de rencontrer l'amour. Leur popularité peut connaître des hauts et des bas, et il est possible qu'elles altèrent notre système cérébral de récompense, mais il y a fort à parier qu'elles ne vont pas disparaître de si tôt.
Sources : (National Geographic) (Psychology Today) (The Guardian) (Pew Research Center)
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Les applications de rencontre ont un impact sur votre cerveau ?
La possibilité de rencontrer l'amour est-elle addictive ?
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Difficile de croire qu'il y a une décennie "swiper à droite" était un phénomène qui faisait tout juste son apparition. Les choses ont bien changé depuis ! D'après le centre de recherche Pew Research Center, près de 10 % des personnes interrogées hétérosexuelles ont rencontré l'amour — durable et de long terme — sur une application ou un site de rencontre. Il est intéressant de noter que les recherches ont montré que les utilisateurs des applications de rencontre étaient divisés quant à leur expérience sur ces applis. Mais qu'est-ce que la "gamification", ou la ludification de la recherche de l'amour, et comment cela impacte notre cerveau ? Les humains sont faits pour trouver une moitié avec qui partager leur vie et tomber amoureux provoque dans notre cerveau l'équivalent d'une prise de dr0gue. Se pourrait-il que les entreprises tirent parti de notre addiction à notre propre dopamine ?
Curieux ? Parcourez la galerie pour en savoir plus comment les applis de rencontres agissent sur votre cerveau.