D'un monde haut en couleurs, à un monde terne
Geoffrey Hinton et deux autres "parrains de l'IA" ont remporté le prix Turing 2018 pour leurs travaux fondamentaux qui ont ouvert la voie à l'essor actuel de l'intelligence artificielle. Mais aujourd'hui, Geoffrey Hinton a déclaré au New York Times qu'il regrettait l'œuvre de sa vie, et qu'il avait même quitté son emploi chez Google pour pouvoir en parler librement.
Il souhaite désormais parler ouvertement des risques liés à l'IA, de la diffusion de fausses informations à la suppression d'emplois, en passant par la crainte que l'IA ne devienne plus intelligente que l'homme en commençant à écrire et à exécuter son propre code. "Je pensais qu'il fallait attendre 30 à 50 ans, voire plus", a-t-il déclaré à propos de cette possibilité. "De toute évidence, je ne le pense plus." Il se console en se disant que si ce n'est pas lui, ce sera quelqu'un d'autre qui développera cette technologie. "Il est difficile de voir comment on peut empêcher les mauvais acteurs de l'utiliser à des fins malveillantes".
Le début des annonces pop-up est plus drôle que ce que la plupart des gens savent. L'un des clients publicitaires de Ethan Zuckerman a paniqué après que sa publicité soit apparue sur une page célébrant un type de sexe explicite, parce qu'en tant que grand constructeur automobile, il ne voulait pas être associé à cela.
Il a alors inventé un moyen d'afficher des publicités sur des sites populaires sans qu'elles aient l'air d'être associées au contenu de la page, c'est-à-dire la publicité contextuelle. "Nous avons fini par créer l'un des outils les plus détestés de la boîte à outils des publicitaires: la fenêtre publicitaire. Je m'en excuse. Nos intentions étaient bonnes", a déclaré le créateur dans un texte publié dans The Atlantic.
L'inventeur de la cafetière Keurig n'a pas de machine lui-même, a-t-il déclaré à The Atlantic. On peut se demander pourquoi, puisque les dosettes de café en plastique à usage unique sont omniprésentes, et qu'il a sûrement gagné beaucoup mais alors beaucoup d'argent ?
John Sylvan plaide maintenant en faveur du café en grain. Il regrette que les dosettes ne soient pas recyclables ou biodégradables, ce qui a pour effet d'augmenter la quantité de déchets nuisibles. "Je me sens parfois mal de l'avoir fait", admet-il. "C'est comme une cig-rette pour le café, un mécanisme de distribution unique pour une substance addictive".
Dans les années 80, Wally Conron, responsable de l'élevage des chiots pour la Royal Guide Dog Association of Australia, s'est vu confier la tâche de créer un chien-guide ne perdant pas ses poils pour une femme aveugle dont le mari était allergique. Il a créé un croisement entre un Golden Retriever et un caniche standard, appelé Labradoodle, qui serait aujourd'hui le chien hybride le plus recherché au monde. Il a également donné lieu à la création de nombreux autres hybrides de caniches.
Malheureusement, l'hybride caniche souffre de nombreux problèmes aux yeux, aux hanches et aux coudes, et il est souvent épileptique. "J'ai ouvert une boîte de Pandore, voilà ce que j'ai fait", a déclaré Wally Conron à Psychology Today à propos de la tendance néfaste des modifications et créations de nouvelles races de chiens. "Tant de gens se contentent d'élever des chiens pour l'argent. Beaucoup de ces chiens ont des problèmes physiques, et beaucoup d'entre eux sont tout simplement fous".
Le défunt Mikhaïl Kalachnikov, qui avait servi dans une unité de chars au début de la Seconde Guerre mondiale et avait déjà inventé des améliorations pour les chars, a été chargé de construire un fusil qui permettrait à la puissance de feu russe d'égaler celle de l'Allemagne et de rivaliser avec les nazis. Son arme automatique s'est avérée durable, légère et extrêmement populaire - trop populaire à son goût.
Son invention est devenue la préférée des seigneurs de la guerre et des terroristes et, à ce jour, elle continue d'être responsable de plus de morts que n'importe quel autre fusil d'assaut. Kalachnikov, qui est décédé en 2013, a déclaré au Guardian: "J'aurais préféré inventer une machine que les gens pourraient utiliser et qui aiderait les agriculteurs dans leur travail, par exemple une tondeuse à gazon".
Dans les années 1940 et 1950, alors que les banlieues se développaient et que les gens vivaient plus loin des magasins du centre-ville, Victor Gruen a eu l'idée de créer une zone commune où les gens pourraient se promener et faire leurs courses tout en profitant d'espaces verts, d'œuvres d'art et d'autres choses. Sa première réalisation à Détroit n'était notamment pas enfermée dans un seul bâtiment.
D'autres ont repris cette idée, mais ont tout fait à l'intérieur et ont supprimé tous les espaces verts et les œuvres d'art pour laisser plus de place aux magasins. En 1978, deux ans avant sa mort, Victor Gruen a déclaré: "Je voudrais profiter de cette occasion pour décliner la paternité une fois pour toutes. Je refuse de payer une pension alimentaire à ces sala-ds de promoteurs. Ils ont détruit nos villes". Il n'a même pas vécu assez longtemps pour voir à quel point la situation a empiré après les années 80.
Robert Propst a eu l'idée de la cabine de bureau dans les années 60, lorsque les employés étaient distraits et avaient besoin d'intimité et de calme sur leur lieu de travail. L'idée partait d'une bonne intention, comme il l'a expliqué au New York Times en 1997. Elle était conçue pour "offrir aux travailleurs intellectuels un environnement plus souple et plus fluide que les boîtes à rats des bureaux". Mais on en a rapidement profité.
Les entreprises ont rapidement vu dans l'invention du cubicule un moyen d'entasser davantage de personnes dans le même espace, forçant ainsi les employés à s'entasser dans de petits carrés.
Emoticônes, emoji, quel que soit le nom que vous leur donnez, vous en avez déjà reçu au moins un. Ces petites images de réaction remplacent souvent le texte de nos jours, et elles sont codées avec diverses significations. Alors pourquoi l'inventeur Scott Fahlman regrette-t-il de les avoir créés ?
Le professeur d'informatique a initialement créé les émoticônes pour faire comprendre à quelqu'un qu'il y a une blague dans un courriel ou un message texte, mais la plaisanterie est allée trop loin à ses yeux. "Parfois, je me sens comme le docteur Frankenstein", a-t-il déclaré au Wall Street Journal. "Ma créature était inoffensive au départ, mais elle est allée dans des directions que je n'approuve pas.
Anna Jarvis a créé la fête des Mères par amour sincère pour sa mère et toutes les mères du monde entier. La première journée a été célébrée le 10 mai 1908 et elle a envoyé à sa mère 500 œillets blancs en son honneur. Mais les choses ont dérapé et elle a fini par détester la journée qu'elle avait inventée.
Ce qui a gâché son plaisir, c'est la façon dont ce sentiment est devenu si commercial, si rapidement. Dans un communiqué de presse, elle a qualifié les fleuristes, les fabricants de cartes de vœux et de confiseries de "charlatans, bandits, pirates, racketteurs, kidnappeurs et termites qui saperaient par leur avidité l'un des mouvements et l'une des célébrations les plus beaux, les plus nobles et les plus authentiques".
Le célèbre E = mc² d'Albert Einstein a aidé les scientifiques à créer la bombe atomique, qu'Einstein a même exhorté le président Franklin Roosevelt à poursuivre en 1939 parce qu'il pensait que les nazis étaient en train de mettre au point la leur.
La destruction d'Hiroshima et de Nagasaki a ensuite mis en lumière la véritable horreur de son travail. En 1947, il a déclaré à Newsweek que s'il avait "su que les Allemands ne parviendraient pas à mettre au point une bombe atomique, je n'aurais rien fait".
J. Robert Oppenheimer, chef du laboratoire de Los Alamos pendant la guerre, qui a dirigé le développement de la bombe, est plus proche d'être le véritable "père de la bombe atomique". Lui et de nombreux autres membres du personnel du projet Manhattan ont exprimé leur regret après le bombardement de Nagasaki, qu'ils jugeaient inutile.
Il a déclaré plus tard qu'il avait l'impression d'avoir du sang sur les mains et, pour se racheter, il a commencé à travailler avec la Commission américaine de l'énergie atomique pour contrôler l'utilisation des armes nucléaires.
Alfred Nobel était un chimiste, ingénieur, inventeur, homme d'affaires et philanthrope suédois qui a pris un tournant décisif dans sa carrière après avoir créé la dynamite dans les années 1860. Il l'a créée pour aider l'entreprise minière de sa famille, mais les armées ont commencé à l'utiliser pour tuer leurs ennemis.
C'est une fausse notice nécrologique qui l'a amené à changer de voie. En 1888, son frère Ludwig meurt, mais les journaux se trompent et pensent que c'est Alfred qui est mort, le qualifiant de "marchand de mort" et écrivant qu'il "s'est enrichi en trouvant des moyens de tuer plus de gens plus rapidement que jamais auparavant". Pris de remords, Alfred Nobel léguera plus tard sa fortune pour créer le prix Nobel.
Philo Farnsworth a contribué à l'invention de la télévision après la Première Guerre mondiale dans l'espoir qu'elle aiderait les familles et les communautés à partager des histoires, à devenir moins ignorantes et même à contribuer à la paix dans le monde. Elle devait être un outil d'apprentissage.
Il meurt en 1971 avec le sentiment que la télévision est, comme on l'appelle dans les médias, "l'opiacé du peuple". Il estimait que les gens gaspillaient leur temps en regardant la télévision et aurait même interdit à son fils de la regarder.
Kamran Loghman a travaillé pour le FBI et a créé le gaz poivré en tant qu'arme dans les années 1980, comme moyen non létal de calmer une personne qui menace un policier ou un autre citoyen à distance. Il a également rédigé un guide à l'intention des services de police précisant les modalités d'utilisation de cette arme.
Alors qu'aujourd'hui nous entendons constamment parler de l'utilisation abusive de gaz poivré par les policiers, c'est un incident spécifique survenu à l'université de Californie en 2011, lorsque la police a utilisé du gaz poivré sur des "manifestants dociles", qui lui a fait regretter sa création. Il a déclaré au New York Times: "Je n'ai jamais vu une utilisation aussi inappropriée et impropre d'agents chimiques".
Tim Berners Lee est l'informaticien anglais le plus connu en tant qu'inventeur du World Wide Web. Bien qu'il y ait beaucoup de choses regrettables sur et autour de l'internet, c'est en fait la double barre oblique au début des adresses web qu'il regrette le plus.
"En réalité, si l'on y réfléchit bien, le // n'est pas nécessaire. J'aurais pu faire en sorte qu'il n'y ait pas de //", a-t-il déclaré, selon Business Insider.
Sources: (The New York Times) (INSH) (Reader's Digest) (Mental Floss) (The Atlantic)
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On peut dire que la plupart des inventions sont le fruit de procédés purement intentionnels. Grâce à la méthode scientifique, nous avons pu, en tant qu'espèce, créer des technologies, des cultures, des architectures et bien d'autres choses encore pour nous aider à résoudre les problèmes apparemment infinis qui se posent, qu'il s'agisse d'un problème de commodité ou d'un problème d'une nature plus grave. Cependant, les bonnes idées peuvent toujours mal tourner et, malheureusement, nous avons aussi vu de nombreux exemples de telles inventions qui, aujourd'hui encore, nous font souffrir.
Tout comme nous faisons tous des choix que nous regrettons, il en va de même pour certains inventeurs d'objets extrêmement populaires, même en dépit de leur popularité (ou, en fait, à cause d'elle). Et c'est sans compter les inventeurs qui ont été tués par leurs inventions...
Cliquez sur cette galerie pour tout savoir sur les inventeurs qui regrettent de ne pas s'être tus !
Les inventeurs qui ont finalement regretté leurs inventions
Parmi cette liste d'inventeurs, on retrouve le "père de l'intelligence artificielle"
LIFESTYLE Technologie
On peut dire que la plupart des inventions sont le fruit de procédés purement intentionnels. Grâce à la méthode scientifique, nous avons pu, en tant qu'espèce, créer des technologies, des cultures, des architectures et bien d'autres choses encore pour nous aider à résoudre les problèmes apparemment infinis qui se posent, qu'il s'agisse d'un problème de commodité ou d'un problème d'une nature plus grave. Cependant, les bonnes idées peuvent toujours mal tourner et, malheureusement, nous avons aussi vu de nombreux exemples de telles inventions qui, aujourd'hui encore, nous font souffrir.
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